La Moulouya est un
fleuve qui prend source dans l’Atlas (environs de Midelt) et se jette en Méditerranée
entre le Cap de l’Eau (Ras El Ma) et Saïdia. L’embouchure du fleuve est
justement un Site d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) et zone humide
classée RAMSAR. Ce SIBE est connu suite à la réalisation d’une méga station
touristique (station balnéaire du plan Azur au Maroc) sur une grande surface à
l’est de l’embouchure (Mediterrania Saïdia). Le fleuve lui-même, long de
quelques 600 km,
connaît certains problèmes écologiques suite à l’installation des barrages (perturbation du cours d'eau) et
des menaces environnementales liées à divers rejets polluants.
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Gardons une belle image de notre Moulouya pour avoir toujour la force de la protéger !
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Diverses
études, rencontres scientifiques, compagnes de sensibilisation ont toujours souligné la
fragilité du système écologique du fleuve et de son embouchure. Malgré tout, les
démarches entreprises pour limiter les dégâts sur l’environnement du fleuve
sont insuffisantes. La crise écologique de la mi-juillet vient rappeler à
tous ceux qui sont concernés que la menace pèse sur la Moulouya et que la
dégradation peut être rapide.
Catastrophe ou crise naturelle?
La
mort massive des
poissons n’est que la partie visible d’une crise écologique qui a
certainement
touché le système écologique. Malheureusement le mal est fait, et rien
ne
pourra remplacer ni les richesses détruites ni le milieu naturel
ayantsubi la dégradation. La
société civile concernée par la question environnementale a réagi en
diffusant
l’information et par divers autres actions. L'ANAP souligne la gravité
du phénomène et se réserve le droit de ne pas réagir à la hâte et
attends les résultats des enquêtes engagées (Ministère de
l'environnement, gendarmerie royale, Provinces de Nador et Berkane,
etc).
L’essentiel c’est que les services de l’Etat concernés
doivent intervenir pour :
- veiller à ce que les enquêtes soient rigoreuses pour connaître
l’origine exacte de l'incident (naturelle, industrielle, ou autre ?)
ses conséquences et son ampleur dans l'espace et dans le temps;
- rendre publiques les résultats des enquêtes faites par différents services (droit du citoyen à l'information);
- engager des poursuites contre les éventuels
responsables de cet incident ;
- lancer un programme de sensibilisation
qui vise tous ceux qui sont en relation avec le fleuve (population, agriculteurs, industriels, etc.) ;
- lancer les bases d’une veille
environnementale dans la région qui implique l’Etat, les collectivités
locales, l’université et la société civile.
Si rien n’est fait, tous les
efforts déployés à propos de la Charte nationale de l’environnement
et la prise en compte de l’environnement dans de nombreux articles de la nouvelle constitution, n’auraient
servi à rien.
C'est un défi à relever !
Moulouya : une grande station de lavage !
Il
faut prendre les dispositions nécessaire pour asainir la Moulouya et
traiter les rejets qu'elle reçoit tout le long de son parcours. Les
citoyens doivent également faire preuve de civisme et de responsabilité.
Suite de l'affaire
L'événement
a été relaté par la presse écrite*
marocaine et par des sites Internet. La
majorité de ces derniers ont comme source les mêmes vidéos largement
diffusées
sur la toile accusant l'usine de sucre de Zaio. Contacté par des
associations, membres du réseau CEPO, la société a nié son implication
dans cette affaire.
Par
ailleurs, les informations que nous avons eu de sources fiables,
indiquent que
les analyses portant sur les pesticides et des substances toxiques
soupçonnées, ne
prouvent pas la mort des poissons par des produits toxiques. Nous
attendons les résultats des analyses engagées par différents
services. => voir résultats du début août
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Visite du site pollué de la Moulouya en post-crise : la nature a repris ses droits.
De
gache à droite : El Hassan Talbi, président de l'ANAP, Aziz Bensalah,
coordinateur du réseau national pour la culture scientifique et
technique au CNRST et Lhoucine Yousfi, secrétaire général de l'ANAP.
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Une
sortie sur le terrain effectuée une vingtaine de jours après l'incident
nous a permis de constater que la nature a repris ses droits : quelques
centaines de mètres du site de crise, les traces sont limitées et ont
disparus au niveau de safsaf. Les fermiers rencontrés ont confirmé être
au courant de la mort du bétail de certains fermiers, mais ils n'ont
rien perdu eux même malgré l'utilisation des eaux de la Moulouya!
Les premiers résultats officiels de l'enquête menée par différents services de l'Etat, relatés par 2M et notamment dans le journal du 9 août
(à partir de 6 mn), ne confirment pas la présence de substances
toxiques et expliquent la mort des poissons par un manque d'oxygène
suite à un apport elevé en matière organique.
Résultats des commissions techniques officielles :
=> Résultat des analyses toxicologiques : négatif
=> cause de la mortalité des poissons : "A l'état actuel des résultats disponibles, et dans l'attente des
résultats des analyses des substances toxiques dissoutes, la seule
explication de cet incident de mortalité anormale des poissons reste le
déficit en oxygène provoqué vraisemblablement par une charge ponctuelle
de matière organique survenue rapidement" (extrait du communiqué de la MAP du 13 août 2011)
Ces résultats apportent une réponse qui était une hypothèse depuis le début, mais certaines questions se posent encore :
-
Quels sont les éléments et substances analysés? (chiffres? Et évolution?)
-
Quel est l'origine de la matière organique? (sachant que divers rejets chargés de MO aboutissent dans le fleuve).
- Si la demande en oxygène par la biomasse
du fleuve était telle qu'elle a épuisé l'eau de son oxygène, ça veut
dire qu'il ne s'agit pas d'eau fluviatile normale, mais des eaux usées!
-
Quel est le rôle de l'usine de sucre pointée du doigt par des
associations locales? (il faut que l'usine démontre son inocence dans
cette affaire).
- Quelle est la variation de la teneur en MO et de la demande biologique en oxygène dans les eaux au cours de l'année?
-
Pourquoi le manque d'oxygène n'a pas touché les autres êtres vivants du fleuve?
- S'il s'agit d'un manque d'oxygène dans
l'eau, quelle est la cause de la mort des animaux chez les paysans ?
(information diffusée par certaines associations)
-
Qui assure le contrôle des eaux du fleuve? Quelle est la régularité?
- ...
Nous attendons, des réponses précises des services concernés.
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Ampleure de "la catastrophe"
Il est vrai
qu'il s'agit d'un événement tragique sur le plan écologique. Sur le
plan scientifique, les observations montrent qu'il s'agit d'un incident
ponctuel dans l'espace et dans le temps. Mais c'est une alarme qui
retentit à qui veut l'entendre.
Par ailleurs, il convient de noter que la
diffusion médiatique dont il a fait l'objet est inégalée par
comparaison à d’autres
problèmes écologiques et environnementaux beaucoup plus catastrophiques. A titre d'exemple, durant la
même période (mi-juillet), le patrimoine forestier de l’Oriental a perdu 300 hectares suite à
un incendie dans la forêt de Ras El Kasr (Guercif) et plusieurs hectares sont ravagés par d'autres incendies
d’origine inconnue dans la région de Nador et 120 ha sont partis en fumée à El Hoceima entre le 6 et le 8 août. Ce
fléau nécessite un intérêt particulier des services de l'Etat
concernés, des collectivités locales et de la société civile. Quelles
sont ses conséquences sur la flore et la faune, ses causes, etc. ?
N.B. 9
août : enfin, les incendies de la forêt de Rouadi à El Hoceima ont été
évoqué par 2M dans le journal du mardi 9 août. Le bilan provisoir de la
surface ravagée par le feu est de 150 ha. Voir ce dossier
* Parmi
les sources de presse ayant relaté l’incident de la Moulouya
L'Economiste
http://www.leconomiste.com/article/885677-moulouyabrpolemique-autour-d-une-catastrophe-ecologique
La Vie Eco. :
http://www.lavieeco.com/actualite/catastrophe-ecologique-de-la-moulouya-des-milliers-de-poissons-
empoisonnes-par-des-produits-chimiques-5985.html
Al Massae
N° 1510 du 30-31 juillet 2011
Le Soir-Echos
http://www.lesoir-echos.com/2011/07/21/desastre-ecologique-a-la-moulouya/
Telquel N° 485-486
http://www.telquel-online.com/485-486/actu_maroc3_485.shtml
El H. Talbi, Président de l'ANAP
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